Quand la foudre frappe

Dans les quartiers résidentiels à l'ouest du centre ville de Kiri s'achevait une nouvelle journée paisible. La nuit était tombée et toutes les familles finissaient de dîner dans la sérénité. L'harmonie régnait en maitre absolu et incontesté partout... Ah non ! Une rectification était de mise. Comme à l'accoutumée la maison des Uemura était le théâtre de disputes aussi soudaines qu'explosives. Les deux sœurs ninjas endossaient pour cette fois les rôles des personnages principaux, les parents quant à eux tempéraient comme ils le pouvaient leur « enthousiasme ». Tout avait commencé il y a une semaine de cela. Sayuri, forte de son accession au grade de Juunin, l'avait quelque peu légèrement ramené auprès de son ainée, la taquinant peut-être un peu trop lourdement sur l'égalisation de leur niveau. Sanae, agacée et vexée en même temps d'avoir ainsi été rattrapée avait serré les dents et refusé de lui donner satisfaction en montrant son ennui, elle était donc restée de marbre. Cette attitude avait eu pour conséquence directe d'irriter au plus haut point la cadette. La tension entre les deux avait donc monté en crescendo durant les jours suivants et ce soir le seuil de rupture avait largement était franchi. Depuis une bonne demi-heure elles s'invectivaient avec rage et se lançaient des regards meurtriers. A ce rythme des objets fuseraient bientôt à travers les pièces puis elles en viendraient aux mains sous le regard consterné de leur père et mère dépassés depuis longtemps par leur progéniture. Heureusement leur querelle se conclut avant ce stade. Sanae lâcha une pique sur le nombre limité de techniques de sa « rivale » qui ne trouva rien à répliquer. Outrée, la Jinchuuriki décida un repli temporaire et regagna sa chambre. Elle se mura dans le silence, réfléchissant les sourcils froncés sous le coup de l'énervement. Il ne lui fallut pas longtemps pour prendre la résolution d'entamer une période de perfectionnement intensif. Cela faisait trop longtemps qu'elle se la coulait douce, à ce rythme là elle redeviendrait le boulet à la traine qu'elle avait été jadis et ça la kunoichi ne pouvait le supporter.

Au petit matin, après une courte nuit agitée, c'est avec une volonté d'antan que démarra la journée de la jeune femme. Elle expédia avec hâte tous les petits rituels habituels. En trente minutes elle fut douchée, habillée et rassasiée pour un petit moment. Sans un mot la shinobi quitta la demeure familiale. Emportée dans son élan elle gaspilla du chakra dans le déplacement éclair afin d'atteindre plus rapidement une petite clairière chère à son cœur pour les entrainements et la mise au point de techniques. Depuis qu'elle maîtrisait mieux les avantages offerts par son Bijuu elle avait pris la manie d'en profiter dans des situations ne l'exigeant que peu voire pas du tout. Son excuse ? Eh bien elle se justifiait en prétextant ces écarts comme nécessaires à l'amélioration du contrôle de son « parasite » comme elle l'appelait parfois. Enfin, maintenant qu'elle était sur place il fallait qu'elle s'y mette sérieusement. Sayuri essayerait d'acquérir un Raiton supplémentaire aujourd'hui. Tranquillement, elle gagna le centre de la parcelle de terrain déboisée et s'assit avec précaution. Le sol était humide, comme toujours dans ce pays, mais elle ne s'émut point des taches que cela allait engendrer sur son nouveau pantalon, son esprit était déjà obnubilé par la réalisation potentielle du jutsu. La ninja blonde décortiqua mentalement, les yeux fermés, étape par étape, l'exécution de la technique de foudre. Un temps indéterminé s'écoula ainsi, dans le calme. Elle se coupa du monde extérieur. Ses oreilles se fermèrent aux bruits alentours, elles devinrent sourdes au grondement lointain d'un torrent, au bruissement du vent dans les feuilles des arbres et aux cris des goélands s'étant égarés à plusieurs centaines de mètres de la mer. Lorsqu'elle se sentit prête la Juunin se releva et c'est non sans appréhension qu'elle enchaîna une série de signes puis elle attendit, la tête rivée vers le ciel. Dix secondes... trente... une minute... deux... cinq... rien, il ne se produisit absolument rien au lieu du rugissement du tonnerre théorique attendu.

*Bon ce n'est pas grave, réussir du premier coup aurait été surprenant...*

Elle recommença l'opération à plusieurs reprises, toujours rien. Bornée, Sayuri ne lâcha pas le morceau et elle continua inlassablement. Une semaine plus tard elle était toujours au même point. Visiblement la jeune femme faisait un blocage. Pourtant elle avait vu sa sœur accomplir tant de fois ce Raiton qu'elle avait osé supposer être à même de s'en sortir toute seule sans livre ni tuteur. Il fallait qu'elle se fasse une raison, elle y irait questionner un ami le lendemain.

[…]

De retour dans la fameuse clairière elle était à présent un peu plus au point. La discussion de la veille avec un autre Juunin avait mis en lumière ses erreurs d'interprétations et donc son impossibilité à voir ses efforts couronnés de succès. La partie n'était pas gagnée pour autant, le plus dur restait à venir : la foudre devait tomber avec puissance et précision dorénavant. Sayuri se concentra. Ses mains dessinèrent les signes avec vitesse, le tonnerre claqua comme un coup de feu et un éclair blanc illumina la forêt marécageuse. C'était un désastre. La ninja avait investi trop de chakra et s'était retrouvée dans l'incapacité de cibler correctement. Résultat : elle avait failli se tuer et c'était très certainement à son démon intérieur qu'elle devait la vie. Il fallut plusieurs heures pour qu'on la retrouve inconsciente et grièvement blessée. Il lui en coûta deux semaines de convalescences et un bon sermon sur son irresponsabilité. Cette mésaventure finalement lui fit du bien au lieu de la traumatiser. Elle agit comme une sorte de piqure de rappel quant à l'imprudence et l'empressement stupide dont elle avait fait preuve. L'Uemura reprit le jutsu depuis le départ et cette fois bien encadrée. Quinze jour plus tard elle put se féliciter d'avoir surmonté les difficultés d'Ikazuchi no Kiba.